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Le problème du Filioque Elucidations et constats

Panayiotis J. Boumis
Episkepsis 757 , Decembre 2013, p. 20-28

A.

Il y a quelque temps, nous avons procédé à une large expertise sur la Clarification du Conseil pontifical de l'Eglise catholique romaine, publiée dans la Revue de ‘Ecclésia' (88) ‘2011', p. 775 sq.) dans six numéros (1). Le Conseil Pontifical fut chargé de l'élaboration de la susdite ‘Clarification' par le pape de Rome Jean Paul II en 1995 pour examiner et préciser la doctrine traditionnelle d'après la version liturgique du credo latin' (2).

Dans notre expertise- étude nous avons transmis ou mentionné les formulations ou les conclusions que nous considérons utile ou opportun de citer comme suit:

1) Que saint Marc Eugénikos d'Ephèse dans son Encyclique s'adressant à ‘tous les chrétiens orthodoxes qui se trouvent sur la terre et aux îles' (1440-1441) déclare: ‘Nous avec Jean Damascène (PG 94, 824) et tous les Pères, nous confessons ignorer la différence être crée et la procession' (3), à savoir, entre tirer son origine et la procession du Saint Esprit par le Père et la procession du Saint Esprit par le Père, cette distinction n‘est pas une évidente, nous l'ignorons.

2) Que le terme latin processio (procedere) est plus général que le terme grec ‘ekporeusis' (ἐκπορεύεσθαι , πηγάζειν). Le terme ‘'processio' signifie tant la procession que l'origine en général, l'exit, la venue etc.

Plus précisément, la Déclaration (p. 11) stipule: ‘De tous les termes relatifs au sens de principe en général, le terme processio est le plus large. Nous l'utilisons pour chaque forme de principe. Par exemple, nous disons que la ligne provient du signe du point (mais pour nous ne disons pas qu'il en procède), que le rayon provient du soleil (dans ce cas nous pouvons dire qu'il en procède), la rivière de sa source (elle procède de la montagne, mais provient d'une source externe), comme dans de nombreux autres cas.

3) Ainsi, un stade important de clarification, et aussi de compréhension mutuelle, a été franchi. Une vérité acceptable ou même acceptée des deux parties, celles d'Orient et d'Occident, est la suivante: Que le terme ‘ procéder ', comme celui de ‘tirer son origine ' signifie plus généralement émaner, parcourir et sortir (4).

De cette façon, nous considérons comme très importante la confession suivante de la Déclaration (p. 10): ‘ Comme la bible latine (Vulgate et les traductions latines antérieures) ont traduit le passage johannique (15,26) (Εκ του Πατρός εκπορευόμενον ) du symbole de Nicée-Constantinople par ‘ex Patre procedentem' (Mansi VII, 112 B), il se

créait ainsi involontairement une fausse équivalence à propos de l'origine éternelle de l'Esprit entre la théologie orientale de l' κπόρευσις et la théologie latine de la Processio' . L'expression ‘ on avait établi involontairement une fausse équivalence à propos de l'origine éternelle de l'Esprit entre la théologie orientale de l' κπόρευσις et la théologie latine de la Processio' reconnaît et admet cette fausse équivalence en raison de l'ignorance du sens des termes ‘ έκπόρευσις ' et ‘processio'.

4) Que les phénomènes suivants mentionnées dans la ‘ Clarification ' ne sont pas tout-à-fait injustifiables (p. 11—12): ‘ En confessant le Saint-Esprit ‘ex Patre procedentem', les Latins ne pouvaient donc que supposer un Filioque implicite qui serait explicité plus tard dans leur version liturgique du symbole' . Et nous dirions que c'est juste de supposer ceci car, exactement, ‘procedere' a aussi le sens, comme nous l'avons vu, de provenir, tirer son origine, que sous-entendaient les occidentaux.

5) Que les Pères de l'Eglise adoptaient le Filioque avec le verbe « προϊέναι » (ou avec un autre du même sens), exactement parce que ‘ προϊέναι ‘ - procéder a un sens plus général et plus large que ‘tirer son origine'. Ainsi, S. Cyrille écrit: ‘Alors quand le saint Esprit vient parmi nous, pour nous rendre obéissants envers Dieu, il procède (πρόεισι) du Père et du Fils ‘ (Thesaurus, PG 75, 585 A). Ainsi, il nous déclare qu'il provient du Père et du Fils et vient parmi nous. Sur ce point, Cyrille ne se réfère pas à l'origine et à la procession du Saint Esprit, mais à sa venue parmi nous (« γενόμενον ») provenant de la part du Père et du Fils.

Il faut donner plus d'attention et souligner que Saint Cyrille utilise le verbe général ‘provenir' et non pas ‘procéder', qui est plus précis et se réfère à un trait de la personne du Saint Esprit, à savoir sa procession du Père.

De toute façon, il semble que Saint Cyrille ne s'oppose pas à l'usage du terme Filioque, quand le terme est accompagné par le verbe ‘provient' avec le large sens du terme, celui de sa venue parmi nous («venant parmi nous») et non pas celui de la procession, à savoir le sens personnel et plus précis s'appliquant à Lui de sa procession et de son origine du Père seul.

6) Saint Athanase le Grand suit une tactique semblable. C'est ainsi qu'à la suite, nous en venons à ce que Athanase le Grand écrit dans sa Lettre à Sérapion , repris par la ‘Déclaration' (p. 13. n. 4): « La formule paradoxale, oừ le Fils dit: Tout ce qu'a le Père est à moi (Jn 16,15), c'est ainsi que l'Esprit saint vient du Père, comme s'est dit pour le Fils. C'est le Fils qui dit: Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi;» (Lettre à Sérapion, III, I, 33. PG 26, 625 B).

Et plus loin, Athanase le Grand ajoute de façon caractéristique: « De même, il est Fils grâce à son rapport avec le Père, étant de la même substance, mais il n'est pas créature, mais consubstantiel au Père. De même, le Saint Esprit n'est pas une créature sainte, celui qui confesse ceci est impie- grâce à son rapport avec le Fils-, car à travers Lui il est donné à tous, et tout ce qu'il a appartient au Fils» (PG 26, 625 C- 628 A).

Avec cette expression alors, «à partir de Lui (Fils) est donné (le Saint Esprit) à tous (les hommes)», il devient évident qu'il parle d'une ‘diffusion' du Saint Esprit avec un sens général et bien dans le temps (‘à tous les hommes', donc du moment qu'il y a des hommes) et non pas pour une procession éternelle du Saint Esprit et ayant lieu avant même la création de l'homme. Cela est souligné dans la phrase qu'il utilise plus haut: «L'Esprit de la vérité procède du Père».

Ainsi, il semble que Saint Athanase le Grand non plus ne s'oppose pas au Filioque quand celui-ci est accompagné par le verbe donner ou un autre verbe similaire, comme provenir (procedit), et non pas par procéder .

7) Ainsi, lorsque les occidentaux confessent le symbole de la Foi en latin, à savoir, lorsqu'ils utilisent le verbe général « προϊέναι -procedere», au lieu du verbe plus précis εκπορεύεται -tire son origine-, c'est alors, dirions-nous, qu'ils sont obligés d'ajouter le Filioque, car , en effet, le Saint-Esprit provient (vient parmi les hommes) tant du Père que du Fils, comme nous l'avons constaté dans le passage de l'épître aux Galates 4,6 (IIIème partie de la Déclaration) et dans les opinions des Pères (IVème partie), tandis que, quand les occidentaux le lisent en grec, c'est à juste titre qu'ils n'utilisent pas le terme Filioque.

Cependant, il ne faudrait pas nous contenter de ce remplacement malheureux du terme « εκπορευόμενον » ‘tire son origine' par procedentem et par l'ajout forcé du Filioque en latin. Comme nous ne pouvons pas exclure non plus qu'il est possible d'une intention dissimulée à propos de la formulation et de la confession de l'origine du Saint Esprit du (à travers le) Fils, également à l'époque après Jésus Christ.

8) Que la conscience des ouailles, ainsi que l'accord des Pères de notre Eglise, conservent et gardent la vérité. Ainsi, quand le symbole de Foi est prononcé en grec avec « εκπορεύεται » pour le Saint Esprit, c'est consciemment qu'on attribue la procession au Père et non aussi au Fils; tandis que lorsqu'il est exprimé en latin avec le terme procedere (= προϊέναι), c'est là qu'on utilise le Filioque, car, comme nous l'avons déjà vu, il provient aussi du Fils. Cela signifie que l'ensemble de l'Eglise ne se trompe pas. Autrement dit, qu'elle veille et demande la formulation correcte de la vérité.

9) La concession confiée de la part du pape Jean Paul II au Conseil Pontifical de la rédaction et de la publication de la ‘Déclaration' en présence du patriarche œcuménique Bartholomaios Ier en 1995 est d'une importance analogue à la levée des anathèmes réalisée en 1965 par les primats des Eglises d'Orient et d'Occident, le patriarche œcuménique Athénagoras Ier et le pape Paul VI.

10) Qu'il est cohérent et nécessaire de mettre en œuvre toutes les procédures, les révisions et corrections indispensables, si nous voulons…

 

B.

Dans notre article précèdent, nous avons écrit qu'on doit effectuer les corrections nécessaires si nous voulons...Ensuite, nous passons à la question suivante: faisons l'hypothèse qu'en effet se réalisent les corrections indispensables, par exemple dans la traduction latine du Nouveau Testament, comme dans les traductions dans les autres langues. Pourtant, nombreuses sont les questions qui se posent à juste titre: Est-ce suffisant pour une pleine entente, pour le rapprochement et l'unité entre les chrétiens d'Orient et l'Occident? Que va- il se passer avec le symbole de la Foi qui doit être un élément qui unifie? Un remplacement du terme procedentum avec celui d' emanantum avec l'omission parallèle du Filioque de la version latine et des éditions en d'autres langues sera-t-il suffisant ou faudra-t-il encore autre chose?

D'ailleurs, est-ce qu'une correction sera satisfaisante pour les ouailles d'Occident, sans exclure une partie de l'Eglise d'Orient, et s'en remettront-ils à elle? Cela ne risque-t-il pas de susciter au moins une effervescence parmi les ouailles de l'Eglise d'Occident, dans les consciences et dans les habitudes de ses fidèles? Probablement les ouailles demanderont des explications convaincantes de la part de l'autorité ecclésiastique pour le changement d'une position qui a duré si longtemps et des coutumes liturgiques, avec le risque de perte de confiance envers cette autorité? Il ne faut pas exclure des révoltes et des schismes au sein de l'Eglise. Nous entrevoyons ainsi des impasses éventuelles de la part de la prélature catholique romaine, mais aussi la recherche de solutions indispensables.

Par contre, nous ne pouvons pas ignorer non plus les efforts des prélats de l'Eglise d'Orient pour éclairer les ouailles de l'Eglise orthodoxe et les garder dans son sein. Ceci se manifeste aussi par la publication des différents «Tomes» ou Encycliques, ou par la convocation des synodes relatifs. Il ne faut pas prétendre que l'abondant apport d'opinions patristiques qu'on y trouve, comme aussi le volume impressionnant des Tomes de ces synodes ou des Encycliques ecclésiastiques n'exprime pas de sa part, même inconsciemment, la recherche ou l'assimilation du vrai

enseignement par rapport à la procession, à la mission et à la venue du Saint Esprit. Personne ne saurait objecter que n'apparaît un fort soin pastoral pour une formulation correcte, précise et complète de la vérité et pour la protection des chrétiens contre des versions erronées, des déviations et divergences ou même des distanciations et éloignements de l'Eglise et de l'enseignement orthodoxes.

Nous n'ignorons pas alors les réticences éventuelles ou les impasses de l'Eglise catholique romaine, mais aussi nous entrevoyons le soin de la direction ecclésiale orthodoxe pour sa contribution à la vérité. De toute façon les deux témoignent non seulement d'une recherche, mais aussi de la préparation d'une ambiance pour une autre collaboration au niveau synodal entre l'Orient et l'Occident, portant sur la procession, l'origine et la venue du Saint Esprit.

Ainsi, l'Eglise catholique romaine pourrait à travers le pape:

1. Demander aussi au Comité synodal correspondant de l'Eglise orthodoxe quelque chose de pareil à ce qui a été demandé au Conseil pontifical.

2. Demander la convocation d'un Concile œcuménique pour la discussion ou aussi la formulation d'un texte, d'un Horos ou d'un article ‘sur la venue en abondance , lors de la Pentecôte et après elle, du Saint Esprit' aux apôtres et à l'Eglise, puisque il y a d'ailleurs une omission dans le Symbole de Foi sur ce point, tout au moins en apparence.

3. Si cette demande ne reçoit pas une réponse directe ou tarde à se réaliser, l'Eglise catholique romaine pourrait proposer à l'Orient de convoquer au préalable, par exemple, un synode Panorthodoxe pour établir la définition officielle et la différence entre les termes ‘tirer son principe' (ἐ κπορεύεσθαι) et procedere (προϊέναι - προέρχεσθαι), ainsi que pour rédiger à ce sujet un texte- article bref et substantiel.

Ainsi, il y aura aussi une question doctrinale dont le synode Panorthodoxe devra s'occuper, ce qui donnera de cette façon un but essentiel à sa convocation. C'est sans doute la raison pour laquelle elle attend et elle renvoie continuellement à plus tard la convocation du synode Panorthodoxe dont on parle depuis si longtemps et qu'on ne voit pas encore se réaliser.

Certes, à côté de cette raison de report continuel, à notre avis, se dissimule aussi le dilemme que nous avons décrit dans les revues «Episkepsis» et «Stylos Orthodoxias». A savoir que sa non-convocation est due à ce dilemme: Si le synode Panorthodoxe se considère lui-même comme œcuménique, il considère donc de facto les catholiques romains comme étant hors de l'Eglise. S'il se considère lui-même comme local, il peut dans ce cas pas revendiquer l'infaillibilité.

4. Ensuite, l'Eglise catholique romaine pourrait accepter les décisions ou propositions relatives du synode Panorthodoxe pour qu'elles deviennent œcuméniques, héritages commun de l'Orient et de l'Occident et la base leur unité.

NOTE I

On trouvera plus de détails sur ces sujets que nous avons analysés et décrits dans nos études antérieures ayant pour point de départ la levée des anathèmes entre Rome et Constantinople en 1965. Cf. surtout aussi notre étude, Δια μίαν κανονικήν πορείαν ενότητος (βάσει των θεμελιωδών αρχών του πολιτεύματος της Εκκλησίας), Etude biblique et canonique, Athènes 1992.

NOTE 2

Il a quelque temps, nous avions entre nos mains le journal d'actualité chrétienne ‘Orthodoxos Typos' (2-3-2012), sur la première page duquel était marqué en capitales le titre: «Vatican: Tous les espoirs pour la promotion de l'œcuménisme dans le synode Panorthodoxe». Dans un article relatif, comme le mentionne ledit journal ‘le responsable du Vatican pour l'unité des Eglises, le Cardinal Kurt Koch, a donné un interview à un site hollandais, lequel a été également diffusé par le site Nouvelles catholiques romains .net et Rknews.net. Dans ces moyens d'information, le Cardinal Koch ‘confesse', comme l'écrit le journal, ce qui suit: «Le Comité mixte international des Eglises Catholique et Orthodoxe est arrivé à un point très difficile». Ce sont les paroles du Cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, lors de son interview à l'agence de presse SIR. D'après le Cardinal, le dialogue théologique entre les deux confessions chrétiennes ne peut être promu que si un synode Panorthodoxe a lieu. Et il a répété: «Le Comité mixte n'est pas parvenu à un accord sur un document commun sur le rôle du pape dans la

ΙΙΙ .

On pourrait dire de ces points évoqués précédemment qu'ils sont bien vus par rapport au processus, bien qu'un peu généraux. Pourtant, la question cruciale demeure: Qu'est-ce que nous avons à proposer de plus précis sur l'essence, le contenu et l'objet ou aussi sur le but de ce processus synodal. Le synode peut-il traiter la question ou même la doctrine de la procession éternelle du Saint Esprit ou même de son origine et de sa venue parmi nous, ou formulera-t-il et diffusera-t-il un texte, même symbolique et substantiel pour le plérôme de l'Eglise? Sur cette question nous pourrions, avec la crainte de Dieu, avec la foi et l'amour ecclésiastiques, ajouter et soumettre les remarques et propositions suivantes:

Si nous analysions attentivement le symbole de Foi qui nous a été transmis, en mettant en parallèle les articles qui se portent sur le Fils et le Saint Esprit, nous dirions:

1) Que l'expression pour le Fils ‘ du Père avant tous les siècles ' correspond à l'expression ‘ procédant du Père ' pour le Saint Esprit.

2) Cependant, dans l'expression sur le Fils ‘Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ;...il a pris chair' nous n'avons pas de mention correspondante – du moins manifeste- sur la venue du Saint Esprit après l'ascension du Christ, parmi les apôtres et l'ensemble de l'Eglise.

3) Probablement, cette absence ou omission, même inconsciente, veut combler ou suggérer l'ajout malheureux du Filioque avec le mot procedentem (προερχόμενον) dans le texte latin. Peut-être cette expression pour le Saint Esprit montre de fait un passage analogue de ‘ Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; il a pris chair.... ', formulé pour le Fils?

4) Μ ais ceci mis à part, en partant de ce point, dans le texte latin du symbole, il devient évident que: d'un côté il est dit que le Saint-Esprit provient aussi du Fils, un fait qui se réalise, comme nous l'avons constaté dans la IIIème partie (Ekklésia, 79, 2012, p. 368- 375), après l'Ascension du Christ, à savoir lors de la période d'après Jésus Christ. De l'autre côté, l'activité du Saint Esprit se limite (s'arrête d'après le texte) seulement à ceci: ‘ il a parlé par les prophètes ' et ne s'étend pas aux les apôtres et à l'Eglise. Il n'est même pas dit qu'il parle par les prophètes, mais qu'il a parlé (= qui locutus est per prophetas), En effet, ainsi son activité est limitée à l'époque d'avant le Christ. De cette façon nous sommes devant une incohérence, sinon une contradiction. De plus, ainsi il nous semble qu'on ignore la diffusion du Saint Esprit aux apôtres et (à travers eux) à l'Eglise dans son ensemble pour la révélation et la connaissance de la vérité.

5) Certes, quelqu'un pourrait opposer une objection: En grec aussi, bien que le symbole de Foi dit au présent continu ‘tire son origine', au contraire lorsqu'il mentionne son activité il s'en tient à la phase ‘ il a parlé par les prophètes '. Ainsi il s'en tient à l'aoriste, un temps du passé révolu. Il parle seulement de tout qu'il a fait au passé. Et on pourrait se demander: Pourquoi le symbole ne mentionne-t-il pas ce qu'il fait aujourd'hui? Pourquoi cela a-t-il été omis, puisqu'il est toujours «tirant son origine' (au présent continu)? Il faut donner une réponse à cette question, et cette réponse existe bien sûr. Cependant, ce fait est encore plus frappant dans le texte latin. On y dit que le Saint Esprit tire son origine mais on ne dit pas s'il agit. D'où la question: il vient mais il n'agit pas, il n'opère en rien?

6) En tout cas, pour être plus précis, répétons ceci : D'un côté, le texte latin utilise le terme « προερχόμενον » ‘procédant' aussi du Fils pour le Saint Esprit, au présent continu, à savoir aujourd'hui et maintenant, et de l'autre, il utilise le terme « το λαλήσαν » ‘a parlé' (aoriste), à savoir au passé. Par conséquent, il y a une incohérence, un défaut ou une faiblesse d'expression. Or cette faiblesse est impressionnante, car on utilise le terme ‘procéder' (προερχόμενον), qui, comme nous l'avons vu, a aussi le sens de sa venue parmi nous, alors qu'au contraire, le terme ‘tire son origine' qui est analogue au terme ‘né', ne détermine pas le temps ni la direction. Donc, dans le cas de l'usage de ‘tire son origine', nous avons une seule définition spéciale, bien que partielle, mais nous n'avons pas de contradiction ou de défaut / faute de logique. La formulation est correcte et claire.

7) Du moment que, dans leur ‘Credo', les catholiques romains utilisent et confessent seulement ‘ il a parlé par les prophètes ' sans mentionner ‘et aussi par les apôtres', ils montrent que leur symbole se réfère uniquement à l'Ancien Testament, à l'époque d'avant Jésus Christ. Dans ce cas, c'est seulement au sens restreint et forcément valable que ‘tire son origine du Père'; sans doute la procession de par le Père, éternelle, avant le temps, est-elle valable et non pas en outre sa procession de par le Fils vers nous, datant de l'époque d'après Jésus Christ, exprimée par le verbe προϊέναι . Autrement, s'ils veulent mentionner également la mission du Saint-Esprit, ne devraient-ils pas vouloir ajouter, même maintenant, bien après, un nouvel article complétif?

Note: Dans ce cas, cet ajout serait justifié et très bien lié avec l'article suivant du symbole qui parle d ‘…une…Eglise… apostolique'.

8) C'est pour cette raison que nous avons parlé de combler une ‘omission', faite cependant à cause d'une traduction malheureuse du terme ἐ κπορευόμενον et avec un ajout précipité du Filioque à l'article 8 du symbole. Ainsi, cette action, cet acte et cette intervention présente cet article comme imparfait et erroné et empêche en même temps de compléter canoniquement le symbole (ajout d'un 9ème article ou d'une clause). Pour cette raison, les Pères des Conciles œcuméniques ont à juste titre interdit toute forme d'intervention ou de falsification du texte des règles et des canons de l'Eglise. Celles-ci entraînent au loin, égarent et en même temps empêchent la compréhension indispensable des vérités ou des omissions, ainsi que de compléter, de façon correcte selon les canons, ces textes que l'Eglise a déjà précédemment ratifiés.

Par conséquent, un acte correctif ou complétif est nécessaire. De plus, le processus susdit, soit la concession du diaconat de la vérité à l'Orient et ensuite un accord et une acceptation de la part du pape et de l'Eglise catholique romaine de la décision portant sur le sujet constituerait de facto un acte d'unité. Ce serait un acte de retour à l'ordre ou bien simplement un acte ordinaire de la première période de l'Eglise des Conciles œcuméniques du premier millénaire. Nous parviendrons ainsi à l'ouverture de la IIIème période de l'histoire de l'Eglise.

Trad. par Th. L. Drakopoulos

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